Ennahdha peine toujours à dénicher l’oiseau rare qui défendra ses couleurs lors du premier tour de l’élection présidentielle prévu le 15 septembre prochain ou qui bénéficiera du soutien de ses militants, en tant que candidat en dehors du parti. Autrement dit, «les 12 heures de réunion et les 70 interventions qui ont dominé la réunion, samedi 3 août, du Conseil de la choura n’ont pas abouti à une décision finale. Et Abdelkrim Harouni, président du Conseil de la choura, et Imed Khemiri, porte-parole du parti, d’annoncer : «Le Conseil de la choura restera en réunion ouverte jusqu’à mardi prochain (demain) pour prendre une position sur les deux choix débattus samedi 3 août : soit un candidat du mouvement, soit le soutien à un candidat en dehors du parti».
Ainsi, les quatre prétendants au palais de Carthage provenant du parti «au cas où Rached Ghannouchi maintiendrait sa décision de ne pas se présenter», c’est-à-dire Abdelfattah Mourou, Samir Dilou, Abdellatif Mekki et Ali Laârayedh, seront dans l’obligation d’attendre demain pour voir si les membres du Conseil de la choura opteront finalement pour un candidat intra-muros. Sauf que pour que cette option passe, elle doit remporter, selon le règlement intérieur du parti, l’aval de 50 membres du Conseil alors qu’ils ne sont pour le moment que 45 à préférer un candidat nahdhaoui au palais de Carthage.
Nous recherchons toujours une personnalité consensuelle
Et si les participants à la réunion du Conseil de la choura n’ont pas réussi tout au long de la journée de samedi à s’accorder sur le nom du candidat nahdhaoui qui représentera le parti, l’idée d’un candidat en dehors du parti qui bénéficiera du soutien d’Ennahdha (autrement dit le fameux oiseau rare) est toujours de mise au sein du mouvement. Abdelkrim Harouni l’exprime clairement : «Nous recherchons toujours une personnalité consensuelle, fidèle aux objectifs de la révolution et attachée à la démocratie et à la Constitution».
Le président du Conseil de la choura fait remarquer que son parti n’est pas pressé et attendra que «le paysage soit plus clair pour avoir une idée sur les personnalités qui seront en lice» afin de choisir avec qui il va conclure ses alliances.
Dans la foulée de la révélation des éventuelles alliances qu’Ennahdha envisage de signer au cas où son choix porterait sur un candidat en dehors de Montplaisir, Abdelkrim Harouni n’oublie pas Tahya Tounès et son président Youssef Chahed, le chef du gouvernement. «Nous sommes en train de mener des discussions avec lui mais nous sommes ouverts à d’autres partis et à des personnalités nationales». Faut-il comprendre qu’Ennahdha a pris en considération la dernière déclaration de Youssef Chahed dans son interview à la TV nationale quand il a précisé : «Je ne suis pas l’oiseau rare dont certains parlent. J’ai pris ma décision à propos de la candidature au palais de Carthage et je l’annoncerai dans les prochains jours».
La déclaration de Harouni à propos de l’ouverture de son parti à d’autres formations et à d’autres personnalités nationales peut-elle être comprise comme une réponse à l’appel lancé, samedi 3 août, par l’Instance politique du parti Tahya Tounès à son président Youssef Chahed pour qu’il présente sa candidature au palais de Carthage, tout en spécifiant que le Conseil national élargi tiendra une session extraordinaire jeudi prochain 8 août «afin d’examiner la question», soit une journée après l’expiration du délai (mardi prochain) fixé au Conseil de la choura pour choisir, enfin, le candidat d’Ennahdha à la présidentielle, qu’il provienne de l’intérieur du parti ou de l’extérieur en tant «personnalité consensuelle» dont Abdelkrim Harouni fixe les conditions qu’elle doit satisfaire?